Face à la situation inédite, nous instaurons un nouveau moment de partage. Chaque semaine un de nos collaborateurs nous livre sa pensée et son ressenti. Aujourd’hui, Delphine Lami, Directrice de Création, répond à nos questions, dos à une scène de cérémonie du thé sur un sublime paravent fait maison, confinée et… inspirée !
Comment la situation actuelle peut-elle nourrir la créativité ?
Cette crise bouscule la routine qui entrave notre créativité. Elle nous pousse à sortir du cadre pour penser différemment, avec un état d’esprit plus ouvert qui nourrit la créativité. Elle nous encourage à être curieux, à chercher des solutions alternatives, à nous ouvrir à de nouveaux outils et façons de travailler. D’ailleurs, le confinement m’a réconciliée avec le télétravail, que je pensais impossible pour nous, créatifs. Je croyais que ce n’était « pas pour nous », mais finalement, c’est faisable. Un peu plus chronophage, un peu moins confortable, mais faisable. Et puis ce travail solitaire a aussi du bon. On réfléchit mieux avec moins de pollution visuelle et sonore, quand on arrête de galoper pour se poser, seul avec soi-même. Je trouve intéressant d’être ainsi obligé de fouiner, de stimuler son cerveau en mode explorateur, plutôt que de demander au voisin de bureau.
Par ailleurs, je suis très sensible aux démarches entreprises pour rendre la culture et l’art plus accessibles, tous ces spectacles à la télé, ces musées qui offrent des visites virtuelles… J’ai l’impression que paradoxalement, le confinement a initié plus de moments de partage en famille, plus de rencontres entre amis – même si elles sont virtuelles -, plus d’activités créatives. Ma fille, par exemple, chante a capela au balcon pour les voisins, le soir venu après le claping. Même moi – qui ait toujours eu mille occupations en même temps depuis que j’ai l’âge de faire des trucs avec mes mains (tricot, dessin, modelage…) – le confinement m’a permis de me remettre au piano et de faire de bons petits plats. Le piège ! Mon fils m’a d’ores et déjà prévenu qu’il n’était pas question qu’il retourne à la cantine après le confinement 😉
Finalement, dans l’absolu, nous traversons une période bénie pour la créativité.
Pourquoi doit-on rester positif face à la crise sanitaire et économique ?
Je suis de nature optimiste et j’ai foi en l’être humain, justement parce qu’il est créatif. L’humanité a traversé des crises bien pires, et elle s’en est sortie. Nous sommes bien mieux armés aujourd’hui, plus besoin de faire trois jours en cariole pour aller voir un médecin quand on est malade ; nous bénéficions de moyens de communication et de soin qui permettent d’être optimistes. Je perçois cette crise comme l’opportunité de faire mieux, d’évoluer, de revoir le modèle pour progresser, d’évaluer ce qui peut et doit être changé.
Je vois déjà partout des gens qui se mobilisent, qui cherchent des solutions, qui font de belles choses, qui déploient une énergie incroyable pour faire avancer le monde dans le bon sens, pour apporter du bonheur et de la joie malgré les circonstances, à l’image du claping au balcons tous les soirs pour honorer le personnel soignant. Alors bien sûr, il est possible qu’on reparte comme si de rien n’était à l’issue du confinement, en reprenant nos vieux réflexes, mais j’ai la conviction qu’on va s’améliorer.
A quoi pourrait, ou devrait, ressembler ce jour d’après ?
J’ai conscience que la « libération » n’aura rien à voir avec les scènes de liesse entre compatriotes aux visages rayonnants que j’imagine en fantasme. Déjà, nous serons probablement tous masqués. Ce sera très dur pour moi, qui suis très expressive, empathique et qui ait besoin de voir le visage des gens. Mais là encore, des aspects positifs peuvent émerger de cette contrainte. L’autre jour, j’ai été photographiée par un journaliste avec mon masque, j’ai regardé droit dans l’objectif, ce que je n’aurais jamais osé faire, si je n’avais pas été camouflée derrière mon masque. Le jour d’après sera plus proche d’une sortie de crise progressive que d’une libération dans l’allégresse. Nous n’allons pas, du jour au lendemain, nous jeter dans les bras les uns les autres et pique-niquer tous ensemble sur le Champ de Mars. Il y aura une période transitoire, où il faudra prendre le temps de tirer le bilan du vécu.
C’est d’ailleurs ce qui me semble important – en tant que personne, entreprise ou société : Prévoir un temps de parole, de partage, pour pouvoir échanger sur ce qu’on a vécu. Et capitaliser sur tout ce que cette crise aura apporté de positif, plutôt que de recommencer à courir comme une poule sans tête. J’espère notamment qu’on va rester curieux. Que les gens, et les créatifs en particulier, vont se gaver d’expos, de films, de lecture, de culture… pour s’enrichir au niveau personnel et créatif. Et j’avoue qu’il me tarde d’arriver à ce jour d’après. J’ai beau trouver des vertus à la période actuelle, je commence à me sentir par moment un brin confinodéprimée. Je me suis habillée en ballerine pour travailler et j’envisage de me faire livrer une barre, tellement la danse me manque. J’ai hâte de tomber le masque et de faire des hugs à tout le monde !
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A la semaine prochaine, pour un nouveau regard, d’un autre espace confiné. D’ici là, prenez soin de vous !
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